Deliveroo répand des informations fallacieuses

Depuis que l’auditorat du travail a lancé la procédure judiciaire contre Deliveroo, celle-ci tente d’avoir les politiques de son côté.

Au moyen d’une vaste communication, elle veut (soudainement) ouvrir le débat dans l’espoir de trouver des alliés. Cependant, sa version des faits ne correspond absolument pas à ce que l’UBT constate dans la réalité.

 

Les coursiers de Deliveroo sont mécontents : aucun soutien, aucune protection

Les gens s’inscrivent pour travailler pour Deliveroo, mais se désinscrivent plus vite qu’ils ne s’inscrivent. Deliveroo prétend à tort avoir créé et créer encore de nombreux emplois. De vrais emplois ? Absolument pas ! Au contraire, la construction mise sur pied par Deliveroo détruit des vrais emplois pour les remplacer par des emplois précaires. Il n’est dès lors pas étonnant de constater que les coursiers à vélo quittent si vite l’entreprise. Les conditions de travail sont en effet loin d’être bonnes. Mais les coursiers ne disposent d’aucun moyen pour en discuter avec l’entreprise. Toute concertation, y compris avec les organisations syndicales, est étouffée dans l’œuf. Même si Deliveroo maintient et répète que la majorité des coursiers à vélo sont contents, elle n’a réalisé à aucun moment une enquête correcte d’un groupe représentatif de coursiers. En revanche, l’enquête menée par l’UBT montre qu’une majorité des coursiers ne sont absolument pas contents. Les plaintes se situent à différents niveaux. Le manque de soutien et de protection ne sont qu’un exemple parmi beaucoup d’autres.

 

Des informations fallacieuses

Deliveroo raconte des tas de choses aux coursiers qui ne correspondent pas à la réalité et qui ont des conséquences néfastes pour les coursiers. Ainsi, Deliveroo claironne que les coursiers à vélo sont assurés. Mais lorsqu’un coursier est victime d’un accident du travail, il s’avère qu’il n’est que partiellement couvert, contrairement aux autres travailleurs. Lorsque leur matériel est endommagé, ils ne sont même pas indemnisés. Deliveroo prétend aussi qu’elle et ses coursiers relèvent de l’économie de plateforme collaborative. Mais une lecture approfondie de la législation permet d’en douter fortement. L’UBT est d’avis qu’on peut mettre en doute l’exonération fiscale que Deliveroo fait miroiter, tout comme c’est le cas de beaucoup d’autres affirmations de la société.

 

Le profit passe avant tout

Deliveroo estime que les coursiers travaillent sous un statut d’indépendant ou qu’ils dépendent de l’économie collaborative parce que ce serait la seule et unique possibilité de garantir la flexibilité demandée. Ce qui n’est pas vrai. L’objectif non avoué est une compression très poussée des coûts qui ne permet pas de véritable flexibilité. Deliveroo organise les travaux de manière à ce que les coursiers ne puissent effectuer que quelques missions par heure, diminuant ainsi encore plus leur revenu. De plus, les coursiers de Deliveroo ne peuvent plus voir à l’avance l’adresse de livraison. Ils ne voient plus que le restaurant et ce n’est qu’après avoir accepté la mission qu’ils peuvent prendre connaissance de l’adresse du client. Où est la flexibilité ? Flexibilité pour Deliveroo oui, mais pas pour les coursiers à vélo.

Deliveroo estime ne pas seulement aider les coursiers. Elle prétend aussi soutenir les restaurateurs. Nous constatons une autre réalité. Ce qui intéresse Deliveroo, c’est les données et le développement d’algorithmes.

Le profit passe avant tout, au détriment des coursiers, des restaurateurs et de tous les autres qui croisent son chemin.

 

Demande d’une concertation pour sauver sa peau

L’UBT constate que la demande de concertation posée par Deliveroo a pour seul et unique but de préserver son modèle actuel. Pire : Deliveroo souhaite créer un troisième statut, à côté de celui de salarié et d’indépendant, qui ne procurerait aucune protection aux coursiers travaillant pour elle. A cette fin, elle ne tient pas à engager une concertation avec les acteurs concernés, à savoir les coursiers eux-mêmes et leurs organisations syndicales. Mais il n’y a aucun besoin de créer un troisième statut. Quand on se base sur la loi relative aux relations de travail, une seule conclusion s’impose : les coursiers sont des travailleurs salariés. Il est indéniable que Deliveroo exerce une autorité patronale sur ses coursiers qui sont sanctionnés à la moindre ‘révolte’. Ainsi, un coursier ne savait plus se connecter au système parce qu’il avait dénoncé un certain nombre de pratiques. Renseignements pris, il s’avérait qu’il s’agissait d’un ‘problème technique’ qui, assez curieusement, ne touchait que ce seul coursier.

Deliveroo est parfaitement au courant des conséquences d’une requalification de la relation de travail. Dans la communication qu’elle a diffusée, la société souligne qu’elle devra accorder des avantages liés au travail. Et elle prétend à tort qu’elle ne pourra plus offrir la flexibilité nécessaire. Nous rappelons que le cadre législatif offre actuellement différentes possibilités pour organiser la flexibilité sous le statut salarié. De nouveau, Deliveroo répand des mensonges pour protéger son modèle basé sur la réduction maximale des coûts. Une requalification de la relation de travail n’aurait pas de conséquences néfastes pour les clients ni pour les restaurants, mais garantirait la protection nécessaire aux coursiers.

Deliveroo doit, comme tous les autres employeurs, respecter les obligations fiscales et sociales liées au statut de travailleur salarié. L’UBT poursuivra son combat – entamé depuis plusieurs années déjà – contre le statut de faux indépendant que Deliveroo impose à ses coursiers, y compris dans le cadre de la procédure en cours.