Il est temps que les vrais Européens se lèvent !
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- Catégorie : Nouvelles
- Publication : lundi 6 avril 2020 13:44

La crise COVID-19 nous enseigne une leçon claire : les pandémies ne s’arrêtent pas aux frontières des pays.
Cette crise est une crise mondiale qui mérite une réponse mondiale, et certainement une réponse politique européenne. En tant que syndicalistes, il est naturel de dire qu’il n’y a qu’une seule réponse possible : la solidarité ! Nous apprenons que le marché ne résoudra pas tout, et que la solidarité parmi les citoyens, les institutions ou les pays est l’outil le plus fort pour survivre. Avec les travailleurs que nous représentons, nous, la Fédération des travailleurs des transports, sommes conscients de l’importance stratégique du secteur des transports, encore plus en ces temps difficiles.
Cette crise nous rapproche de/à l’inimaginable. Les hôpitaux, les pharmacies et les supermarchés risquent de manquer de produits essentiels. Les rayons vides, le manque de médicaments et de matériels de sécurité sont une crainte courante. Si le secteur des transports s’arrête complètement, cette crise s’aggravera. Ce serait une catastrophe.
Une autre leçon que nous devrions tirer de cette crise concerne la valeur réelle des travailleurs du transport.
Avec les travailleurs du secteur de la santé, du commerce de détail et de la production alimentaire, les travailleurs des transports nous aident à survivre cette crise. C’est leur rôle et leur devoir : personne ne les applaudit et ils ne se considèrent pas comme des héros, mais ils sont fiers du travail qu’ils accomplissent.
Ceci est un signal d’alarme ! Une fois la crise est passé : les employeurs, les institutions et les citoyens ne peuvent pas revenir au ‘statu quo’ ! Les travailleurs du transport qui conduisent un taxi, un bus, un camion ou un train, qui pilotent un avion ou gèrent le trafic aérien, qui assurent la sécurité de votre voyage en avion ou en train, qui déchargent des navires ou des avions, qui occupent un navire ou une barge, qui livrent des marchandises directement chez vous, méritent le respect et des conditions de travail équitables !
Comme tout le monde, les travailleurs des transports ont peur de tomber malade ! Et souvent, ils ne reçoivent aucun équipement de protection ni aucune information de leur employeur sur la façon de se protéger au travail.
Certains d’entre eux n’ont même pas le choix entre travailler et rester à la maison, car ils n’ont pas droit aux systèmes de protection sociale. Si nous considérons tous ceux qui sont employés
par des plateformes et des sociétés de boîtes aux lettres, ou ceux qui exercent un faux travail indépendant : c’est le dumping social à son meilleur, dans tous les modes de transport !
Les camionneurs bloqués aux frontières fermées, dans des terminaux comme Calais, ou sur des aires de stationnement comme Goordijk, dans le port d’Anvers, sont entassés dans des situations où il est impossible de suivre les règlements sur la santé. Souvent, ils ont interdit d’aller aux toilettes ! Nous avons tous vu les panneaux affichés par des entreprises éhontées qui interdisent aux conducteurs d’utiliser leurs installations.
Les citoyens de pays tiers travaillant dans des entreprises de transport dans l'UE, qui souffraient déjà de conditions de travail épouvantables en temps normal, sont maintenant livrés à eux- mêmes sur les routes et les aires de stationnement. Nous voyons des travailleurs rentrer chez eux dans de petites camionnettes, malgré toutes les règles de distanciation sociale.
Il est clair que les différentes formes de dumping social appliquées au transport ne constituent pas seulement un problème social, mais peuvent également exacerber l'urgence sanitaire.
Des modèles économiques douteux tuent aujourd’hui des gens en Europe !
Mais les travailleurs (du secteur des transports) attendent davantage, et ils s'en souviendront lorsqu'ils voteront ! Ils attendent de l'Europe qu'elle soit une "zone de solidarité" où les citoyens ne sont pas les seuls à s'entraider - et honnêtement, nous sommes heureux de voir ce flux massif de solidarité se produire partout en Europe. Les travailleurs des transports, ceux qui, en déplaçant les passagers et le fret, font de l'Europe une réalité, attendent des États membres qu'ils organisent l'idée d'une alliance européenne pour la solidarité.
Mais que voyons-nous à la place ? Des tentatives, dans plusieurs pays de l'Union Européenne, de profiter de la crise pour proposer des mesures autoritaires ou pour suspendre les droits sociaux et du travail. L'intérêt national, voire régional, utilisé par les partis populistes comme une arme pour obtenir quelques voix supplémentaires lors des prochaines élections. Les lions de l'austérité rugissent à nouveau contre les mesures concrètes de l'Union Européenne qui aideraient certains de nos pays à lutter dignement contre cette urgence sanitaire.
Cette crise marquera certainement le début d'une nouvelle ère pour l'UE. Un avenir meilleur, fondé sur la solidarité ou dans le cas échéant : la poursuite de la désintégration.
Les travailleurs des transports en Europe ne demandent pas moins d'Europe, mais un autre type d'Europe. Un espace européen où les droits sociaux et la protection du travail sont aussi prioritaires que la libre circulation des biens et des personnes.